Le grand Pan - chanson

Désignation

Le grand Pan

chanson

Fonction / Rôle

Création

Personne

BRASSENS Georges

Epoque, datation

1965

Description analytique

LE GRAND PAN

Chanson enregistrée le 31 octobre 1964.

Du temps que régnait le grand Pan,
Les dieux protégeaient les ivrognes :
Un tas de génies titubant,
Au nez rouge, à la rouge trogne.
Dès qu'un homme vidait les cruchons,
Qu'un sac à vin faisait carousses
Ils venaient en bande à ses trousses
Compter les bouchons.
La plus humble piquette était alors bénie,
Distillée par Noé, Silène, et compagnie,
Le vin donnait un lustre au pire des minus
Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.
Mais, se touchant le crâne, en criant : "J'ai trouvé !"
La bande au professeur Nimbus est arrivée,
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les dieux du firmament.
Aujourd'hui, ça et là, les gens boivent encor
Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes,
Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes
Bacchus est alcoolique et le grand Pan est mort.

Quand deux imbéciles heureux
S'amusaient à des bagatelles,
Un tas de génies amoureux
Venaient leur tenir la chandelle.
Du fin fond des Champs-Elysées
Dès qu'ils entendaient un "Je t'aime",
Ils accouraient à l'instant même
Compter les baisers.
La plus humble amourette était alors bénie,
Sacrée par Aphrodite, Éros et compagnie.
L'amour donnait un lustre au pire des minus
Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus.
Mais, se touchant le crâne, en criant "J'ai trouvé !"
La bande au professeur Nimbus est arrivée,
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les dieux du firmament.
Aujourd'hui, ça et là, les cœurs battent encor
Et la règle du jeu de l'amour est la même,
Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment :
Vénus s'est faite femme et le grand Pan est mort.

Et quand, fatale, sonnait l'heure
De prendre un linceul pour costume,
Un tas de génies l'œil en pleur,
Vous offraient des honneurs posthumes.
Pour aller au céleste empire
Dans leur barque ils venaient vous prendre.
C'était presque un plaisir de rendre
Le dernier soupir.
La plus humble dépouille était alors bénie,
Embarquée par Caron, Pluton et compagnie.
Au pire des minus, l'âme était accordée
Et le moindre mortel avait l'éternité.
Mais, se touchant le crâne, en criant : "J'ai trouvé !"
La bande au professeur Nimbus est arrivée,
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les dieux du firmament.
Aujourd'hui, çà et là, les gens passent encor,
Mais la tombe est, hélas ! la dernière demeure,
Et les dieux ne répondent plus de ceux qui meurent :
La mort est naturelle et le grand Pan est mort.

Et l'un des derniers dieux, l'un des derniers suprêmes,
Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même.
Un beau jour on va voir le Christ
Descendre du Calvaire en disant dans sa lippe :
"Merde ! je ne joue plus pour tous ces pauvres types !
J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste."

Numéro d'inventaire

PC090

Sujet / thème

Les écrits


Poèmes et chansons


Son oeuvre

Personne / Collectivité

BRASSENS Georges

Facettes

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